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Esprit libre...

Publié le par Sophie Assimans

Esprit libre...

Le ciel affiche un soleil bleu et pourtant mon corps ne veut pas avancer à mon rythme... Je ne supporte plus de retrouver ses douleurs qui me gâchent la vie, qui m’empêchent d’être femme, qui me laissent des nuits dans cette chambre d’amis pour ne pas troubler le sommeil de Chris.

Mon médecin traitant se rend à la maison pour le renouvellement de mes « drogues ».

Après une longue discussion et la énième fois que je lui explique ce que je ressens, il semble comprendre...

Je me suis mise en « vacances médicale » cet été. Pas de tracas de consultation, pas de psychothérapie, j’ai juste géré ma douleur, mon handicap pour me consacrer uniquement à notre famille.

Aujourd’hui, j’affirme que je n’ai plus besoin de voir une psychothérapeute ou de faire une psychanalyse.

Beaucoup d’anecdotes m’ont permis de comprendre et de dire définitivement que ma « psyché » va bien.

Oui, quelques amis, sans le vouloir, m’ont permis d’analyser la situation.

La plus marquante fut cette amie qui m’a téléphoné en panique une matinée du mois d’aout. C’était une catastrophe! on venait de lui offrir un poste d’infirmière scolaire à la réunion…. Quel châtiment !!!

Elle s’inquiétait de devoir expatrier une fois encore sa fille ainée de 16 ans. En arrivant dans le sud-ouest, elle lui avait promis de ne plus bouger pendant 2 ans. Ancienne infirmière Marine, elle avait, à contre cœur, refusé de partir Outre-mer pour respecter les vœux de sa fille. On dit dans l’armée que la famille ne fait pas partie du sac.

Un jour alors que Christophe était en mer pour une longue période, mon médecin chef m’a dit sans aucun humour que je n’avais qu’à mettre ma fille à la DDASS…

Cette amie, divorcée et élevant seule son enfant avait, par je ne sais quel moyen, toujours bénéficié de postes très arrangeants compte tenu de sa situation familiale. Quand elle a quitté la Marine au mois d’avril dernier, elle s’est offusquée de l’absence de vacances pendant un an à son nouveau poste d’infirmière dans un grand centre commercial. Après 17ans et demi dans l’armée, elle avait toujours bénéficié des vacances scolaires.

Ce n’a pas était le cas pour moi et nous avons toujours dû composer par rapport à notre statut de militaires.

Après ce coup de téléphone de l’éducation nationale, elle devait donner une réponse rapide.

J’ai passé une heure et demi (et une escarre à l’oreille…) a lui démontrer que sa panique était déplacée.

Aujourd’hui, remariée avec 2 enfants en bas âge, il était temps qu’elle vive pour elle et son couple.

J’ai mis mon agacement au service de la vérité. Tout était un problème pour elle.

J’avais promis à ma fille, 4 ans auparavant, que bien que nous allions vivre à la campagne, je pourrai la conduire aisément partout, la vie et nos problèmes de santé en on décidé autrement. Jenny vient de passer 3 ans sans aucune vie sociale à cause de ma santé et de notre situation géographique.

En tant qu’amie, je ne pouvais rester en empathie face à une telle situation. Quand on a une famille en bonne santé, de l’argent et une opportunité pareille qui correspond à un rêve de vie, il est ridicule de manifester une telle angoisse. Je lui avais conseillé quelques mois auparavant de faire une psychothérapie quant à un problème de relation avec la nourriture…Aucun psy ne la prendrait en urgence, et il y avait du travail sur le long terme… Avec beaucoup d’humour, nous avons ensemble simplifié la situation à son plus simple appareil… Elle était enfin prête à affronter sa fille le soir à la maison.

Tard dans la soirée, quand le téléphone sonna, je ne fus pas surprise d’entendre sa voix.

Elle avait besoin d’une « piqure de rappel » (rien d’étonnant pour une infirmière !).

Elle venait de céder à sa fille de 16 ans en imaginant la laisser vivre seule dans cette maison de la banlieue bordelaise alors que le reste de la tribu s’envolerait pour la réunion… Imaginez vous que ma joute verbale a été à la hauteur de cette aberration !!! Elle craignait la fugue, le chantage aux études. Pour les études, il est déjà trop tard si à cet âge ingrat de l’adolescence, l’enfant n’a pas compris qu’il travaillait pour lui.

Sa culpabilité de mère était telle, qu’elle était prête à faire n’importe quoi, jusqu’à laisser son enfant mineure seule à des milliers de kilomètres… Bien sur, elle aurait payé les factures. Qui de la mère ou de la fille aurait fugué ?

Être parent n’est pas, pour soulager sa conscience, passer tous les caprices de l’enfant. On donne tout à ses progénitures et un beau jour le papillon s’envole, sans regarder derrière lui.

Nous avons le choix d’encourager son envol et de vivre une seconde vie enrichie de cette expérience de parents ou nous effondrer, éviscéré, en se lamentant sur notre « vieillesse naissante ».

Bien au-delà de cette expérience, j’ai réalisé comment mon entourage me perçoit.

Chris me l’a souvent dit mais comme une enfant, j’ai fait mon chemin de croix.

Effectivement des réflexions les plus simples aux plus rocambolesques, je peux tout entendre…

Certains m’ont déjà appelé « sœur Thérésa ».

J'ai ainsi entendu tant d'histoires, observé tant de comportements, essuyé tant d'états d'âmes, que même si mon corps est capricieux, mon esprit ne se charge plus du superflus...

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