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Le travail et les conséquences de l'égo...

Publié le par Sophie Assimans

Le travail et les conséquences de l'égo...

« L’un des problèmes de notre société aujourd’hui, c’est que les gens ne veulent pas être utiles, mais importants. »

Qui que soit la personne qui l'aie écrit, la citation est toujours vraie aujourd'hui...

Le travail et les conséquences de l'égo...

C'est avec beaucoup de bonheur que notre fille avait accueilli cet emploi...

L'important était de travailler, d'être utile, d'avoir une expérience professionnelle différente. Ce n'était que pour deux mois mais c'était déjà ça !!!

Un renfort technique pour une équipe existante, pour assurer un travail saisonnier plus intense, le temps de la récolte du maïs.

Tout dans notre société est analysé, et cela paraît rassurant quand on entend notre enfant nous parler de la rigueur, de la méthodologie,du respect des procédures... et surtout quand on voit la passion qu'elle a pour ce métier.

Mais la réalité professionnelle est autre. Il ne s'agit pas là de juger un travail mais plutôt de s'interroger sur ce que les salariés en font, pourquoi ils le font et comment ils le conçoivent.

Dans ce laboratoire, le personnel est doublé par des CDD ou des intérimaires pour de courtes périodes.Une petite équipe de salariés en CDI occupe donc à l'année chacun des postes de cette entreprise.

Pourtant notre fille s'est retrouvée seule à son poste dès son arrivée... Pas de titulaire pour travailler à cette tâche, si ce n'est pour "faire activer le rendement". Il a fallu peu de temps à notre fille pour se rendre compte qu'elle était face à du travail à la chaîne, comme à l'usine. L'intégralité de l'activité ne lui a bien entendu pas été expliqué mais, elle était motivée. Quand son poste était en carence de matière, elle allait chercher du travail dans les autres postes...

Mettre 400 grains de maïs dans des pots, qu'elle a retrouvés 2 jours plus tard en même posture... et qu'elle a dû couper avec un sécateur rouillé... sans doute pour qu'ils soient étudiés ensuite...

Elle s'affairait à son poste quand la matière arrivait, ouvrir des sacs, peser le maïs, l’étiqueter, passer à l'étuve, etc... Elle travaillait de 8h30 à 12h15 et de 13h à 16h15. Le temps que les camions arrivent sur site, ses échantillons n'arrivaient souvent pas avant 12h. Elle écourtait donc drastiquement sa pause repas afin de pouvoir assumer la totalité de son travail avant la fin de journée.

Dès le 1er jour, elle fut étonnée de ne voir les premières âmes qu'à partir de 13h30 et d'attendre 14h pour que l'équipe s'affaire. Dès le deuxième jour, elle connaissait et maîtrisait le travail mais l'irrégularité des arrivages ne permettait pas un rendement suffisant dans les horaires impartis.

Elle a réfléchi, s'est adaptée pour améliorer l'efficacité de ses gestes tout en appliquant la qualité des techniques, mais seule, elle terminait plus tard. Elle a remarqué que son contrat prévoyait des modifications d'horaires (de 5h à 13h ou de 14h à 20h). Elle a proposé de travailler jusqu'à 20h pour pouvoir assumer le flux de travail qui n'arrivait que tardivement... Mais ce n'était pas possible, il faudrait qu'un salarié en CDI soit aussi sur place pour des questions de sécurité.

Une "remplaçante" qui réfléchit, c'est dangereux !!!

Au début du 5ème jour, le couperet tomba, la responsable du recrutement, désolée, lui fit part, qu'elle ne pouvait la garder...

"L'équipe" ne l'aime pas, elle prend trop d'initiative, elle n'écoute pas...

En fait, ses difficultés de rendement n'étaient pas un problème et plutôt normales sur la 1ère semaine.Ce travail à la chaîne crée des tensions et la responsable ne peut se permettre que "l'équipe" rejette une personne. Aucune critique sur la qualité, la rigueur du travail, des horaires... Juste "un délit de sale gueule". Pardon, ma fille, pour cette expression...

Elle a fini par lui confirmer que ce job, n'était pas pour elle, qu'elle avait besoin de travailler dans un laboratoire, un vrai ?!?

Nous avons fait le point sur ce qui avait pu engendrer une telle situation.

Jenny est cartésienne, elle explique et justifie les raisons de ses actes, cela paraît très scolaire mais signe de la rigueur dans le domaine de l'analyse et du contrôle. Ses deux ans à Montpellier dans un laboratoire de recherche & développement lui ont conféré une grande autonomie et une capacité à réajuster les situations pour être efficace.

Ce n'était pas là ce qui lui était demandé. Cette entreprise recrute ponctuellement des techniciens supérieurs, pourtant elle a vu un intérim (BTS) attaché à la réception faire du terreau à la bétonnière...

Bien sûr, elle voulait travailler, alors peut lui importait, mais le recrutement n'est pas adapté aux tâches octroyées. On peut se taire, faire profil bas, acquiescer mais quand on est passionné, on ne peut sans cesse renier ce pour quoi on est fait, ce pour quoi on a travaillé.

A 21 ans, c'est difficile de ne pas passer pour un jeune "con" qui a tout vu et qui a tout fait face à des anciens installés dans l'expérience de l'habitude.

Elle a écouté les plus anciens mais s'est justifiée... Erreur de débutant !

Elle écourté ses pauses pour assumer son travail... "L'équipe" n'apprécie pas !

Elle est restée plus tard pour finir son travail... Cela retarde un titulaire !

Elle a proposé d'adapter ses horaires aux besoins de l'entreprise... Ce n'est pas syndical !

Cette jeune femme était trop dangereuse dans la "routine" des salariés, elle aurait pu faire de l'ombre, bousculer les habitudes, faire réfléchir ?!?

Ce serait tout de même prêter beaucoup de pouvoir à une seule personne !!!

A moins que cela cache des craintes d'avantages inavoués, de confort bien installé ?!?

Elle aurait dû se fondre dans la masse, reconnaître que le travail est complexe et intense, demander de l'aide pour flatter leur égo... ou se tromper pour qu’ils aient une bonne raison de la virer...

Jenny n'a jamais rencontré la directrice des ressources humaines.

C'est une technicienne de laboratoire qui l'a recrutée. Au lieu d'être dans le laboratoire à prêter main forte, elle va devoir éplucher des CV pour chercher un autre forçat pour quelques semaines, pour quelques ingrats campés derrière leur CDI, leurs horaires confortables, quels que soient les besoins de l'entreprise.

Elle a avait pris le télépéage, pour ne pas augmenter les 45 minutes de trajet qui la conduisait au boulot. Nous avions investit dans des "lunchbox" pour conserver sa gamelle du midi, scrupuleusement préparée la veille. Nous avions ressortis les chaussures les plus confortables pour tenir la journée debout à piétiner. Quelle que soit sa fatigue, l'investissement, elle partait travailler, et même pour un SMIC, c'est tout ce qui comptait !

Il fait mal au cœur de voir son enfant souffrir parce qu’il a des valeurs.

Doit-on choisir entre ce que l'on est ou ce que les autres veulent que l'on soit ?

Pour moi, la question ne se pose pas... Mais que dire à son enfant de 20 ans en plein désarroi !!!

Le travail et les conséquences de l'égo...
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M
Et moi qui pensais, naïvement probablement, que cet état d'esprit n'était le propre que de l' Administration ... Je suis surprise de voir ça dans une entreprise privée. Le travail va mal en France et surtout la mentalité des travailleurs est détestable. Entre les gens qui ne veulent plus bosser, les patrons qui ne veulent plus payer et les politiques qui nous font croire que "tout va bien" ... En tout cas, c'est bien dommage pour Jenny. Mais il faut persévérer et garder espoir. Il existe des gens bien en ce bas monde, des boulots vraiment sympas et intéressants ... Faut juste le trouver. Bonnes recherches.
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